Ésotérisme

 

 

Les années soixante-dix

 

 

Ceux qui ont largement plus de vingt ans aujourd’hui s’en souviennent probablement comme si c’était hier. Le début des années soixante-dix, l’immédiat lendemain des fameux événements de mille neuf cent soixante-huit, offrait aux regards un remarquable fatras de pulsions contradictoires et parfois sanglantes.

 

Entre :

  • le départ du général de Gaulle après les émeutes parisiennes de mai puis son référendum perdu (avril 1969) ;

 

  • les premiers pas des hommes sur la Lune (alors très récents 20 juillet 1969) ;

 

  • la guerre du Vietnam (entre 1965 et 1975) et ses largués de napalm contre des enfants dont la seule faute était d’avoir des parents communistes ;

 

  • la très meurtrière et catastrophique révolution culturelle en Chine ;

 

  • les révolutions hippies avec leurs cortèges de drogues et de drogués ;

 

  • les mouvements pacifistes soidisant télécommandés par les soviétiques qui, dans le même temps, envoyaient leurs chars à Prague ou à Budapest pour rétablir l’ordre, en l’occurrence militaire, sur les territoires de l’Est européen ;

 

  • la libération des mœurs en général mais et surtout de la femme visà-vis de la dominance excessive des hommes (Par exemple : une femme devait encore demander l’autorisation de travailler en entreprise à son mari) ;

 

  • la série « Star Trek » ou « Les envahisseurs » ;

 

… il y avait vraiment de quoi occuper à plein-temps l’esprit de pré-adolescents, notamment le mien qui vivait enfermé toute la semaine dans la bulle écologique d’un pensionnat de garçons (1).

 

Pour découvrir les tumultes sociétaux, je n’avais eu que très peu d’occasions :

 

  • les brefs retours au sein de ma famille, du samedi en début d’aprèsmidi au dimanche soir (eh oui !), effectués en train ou en bus ;

 

  • ou bien l’unique projection télévisée hebdomadaire, en noir et blanc, choisie par les pères Jésuites administrant mon collège (2).

 

Les radios n’étaient pas encore miniaturisées, elles ne réceptionnaient pas les ondes par GPS (3) ou/et via Internet –technique qui n’existait d’ailleurs pas encore- et leur détention clandestine coutait au mieux quelques heures de colle, au pire une retenue au collège pour la durée du week-end !

 

Quant aux filles, quant aux femmes, elles n’avaient pas encore vraiment fait leur entrée dans ma vie et, excepté au travers de ce que ma mère ou ma sœur voulaient bien en laisser comprendre, je ne savais guère à quoi m’en tenir sur le genre féminin. 

 

 

(1) Le Collège « La Providence, à Amiens » administré à l’époque par l’ordre des Jésuites ; établissement dans lequel j’ai vécu ma scolarité entre 1969 et 1974. Il a été rendu progressivement aux laïques. C’est l’institution qui sera visité bien plus tard par un Président de la République Française.

 

(2) Il s’agissait bien souvent des « Dossiers de l’écran ».

 

(3) Système utilisant le réseau de satellites circulant autour de la Terre pour localiser votre position géographique.