La maturation

 

Prise de conscience 

 

Le contexte 

dans lequel se font

les sciences

 

 La question peut paraitre saugrenue dans une civilisation ayant consacré et consacrant encore tant d’efforts à la promotion des sciences et à leur développement.

 

Certains milieux occidentaux se plaisent d’ailleurs à répéter à l’envi l’histoire de Galilée pour illustrer la lutte contre l’obscurantisme, en particulier celui d’origine religieuse.

 

Que ce soit dans la vieille Europe continentale, ou dans les pays anglo-saxons (Royaumes unis, Etats-Unis, Australie, …) et même dans certains pays dits émergents (Chine, Inde, Nigéria, …), les recherches scientifiques absorbent ressources humaines et financières. Elles attirent, elles stimulent l’imagination et jouent encore pour certains le rôle que jouait autrefois la découverte de nouveaux continents. Et c’est tant mieux !

 

Mais les sciences sont-elles vraiment, toujours et partout, si bien acceptées et reconnues par les pouvoirs qui les mettent en place ou les sponsorisent parfois? Et sont-elles réellement connues d’un large public ? Celui-ci perçoit-t-il effectivement avec intérêt ces matières ardues dont les promoteurs lui avaient tant fait l’éloge ?

 

Ces questions contiennent des thématiques passionnantes sur lesquelles il me semble important de se pencher.

 

Les réponses qui peuvent leur être apportées demeurent multiples et complexes. Je vais tenter d’en présenter quelques-unes en les ordonnant au mieux ; ceci, de façon à les rendre compréhensibles.

Les sciences fondamentales

intéressent-elles vraiment?

 

Des suspicions persistentes

 

 

Nombre d’avancées technologiques aujourd’hui bien acceptées ont débuté leur existence française dans le rejet ou la polémique.

 

Faut-il par exemple rappeler le récit de Victor Hugo sur le train (évidemment à vapeur à cette époque) ?

 

Faut-il se remémorer le feu vert timide en faveur du développement de l’informatique en France donné du bout des lèvres en 1982 par M. Jospin alors que les premières machines américaines dataient de 1945 ?

 

Et que dire encore des difficultés rencontrées en 2019-2021 par les institutions médicales, sanitaires, scientifiques et gouvernementales à convaincre des populations réticentes à se faire vacciner contre les effets dévastateurs des coronavirus ?

 

D’après le rapport publié en 2018 par l’Institut Gallup (1), les Français se distinguent d’autres populations mondiales dans le sens qu’ils sont ceux émettant le plus de réserve sur les avantages apportés par les sciences. Pour résumer : ils acceptent les sciences aussi longtemps qu’elles ne mettent ni leur emploi, ni leur liberté en péril ; logique et compréhensible !

 

Un an plus tard, un article confirme le scepticisme élevé des Français vis-à-vis des sciences (2).

 

 

(1) How does the world feel about science and health, Welcome Global Monitor, Gallup Institute, 2018.

 

(2) Les Français détestent-ils la science ? Les Echos en ligne le 12 juillet 2019.

Pourquoi toutes ces réticences ?

 

 

 Apparemment, ce ne sont pas tant les sciences fondamentales qui inquiètent mais les utilisations réelles ou présupposées qui en sont faites ainsi que les manières dont elles sont mises à disposition du public. Les descendants de Descartes ont retenu de ce célèbre ancêtre le doute et le discours sur la méthode.

 

Mais ils peinent apparemment à se souvenir des bases de la dioptrie et des règles de l’optique que ses travaux ont permis de mettre à jour, surtout s’ils apprennent au passage qu’un grand groupe capitalistique (Fût-il français ?) a mis la main sur le marché du verre et des lunettes.

 

Il leur semble impossible de faire rimer économie avec progrès et ils ne peuvent faire l’économie de débats idéologiques avant de valider ou non une expérience novatrice qui pourtant porteraient avec elle des promesses de bénéfices pour tous.

 

Si je reconnais bien là le fameux « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » et si je constate qu’il hante encore nos esprits... ce qui est tout à notre honneur, je pense également qu’un esprit critique hyper-dimensionné empêche de voir que :

  • Ce que nous craignons de faire aujourd’hui ou ce que nous mettons trop de temps à mettre en place, les autres le feront finalement… et du coup avant nous ;
  • Si certains pionniers n’avaient pas exploré les territoires inconnus, nous en serions encore à soigner les maladies par des incantations magiques, à ne pas savoir allumer et maitriser le feu des centrales électriques ou des fonderies, à ne pas être capable de construire des barrages pour domestiquer nos rivières et produire une électricité propre, etc. ;
  • Les progrès techniques forcent certes à abandonner des us et coutumes obsolètes et parfois dangereuses pour la santé humaine, détruisant ainsi des emplois, mais ils en créent de nouveaux en ouvrent des horizons et en permettant de soigner des maladies autrefois incurables.

 

Les sciences fondamentales ne dérangent pas vraiment parce qu’elles sont incompréhensibles et pratiquées par très peu. Une partie des Français voient leurs experts comme on juge le fou du roi : une bande de dingues sympathiques perdus dans leurs laboratoires, des professeurs Tournesol comme dans un Tintin et Milou. Une minorité autrefois glorieuse de gens qui seront peut-être un jour utiles (qui sais ?) mais à ne surtout pas déranger.

 

Car on ne comprend finalement pas grand-chose à ce qu’ils font et il est bien rare qu’ils prennent le temps de nous l’expliquer.

 

Pour la majorité des gens, les choses sérieuses et compréhensibles du quotidien se passent ailleurs.