L'aventure continue

 

Le travail au noir

 

 

 Les années passent. Je deviens docteur en chirurgie-dentaire en 1982. Je me marie et deviens père d’une fille. Il faut travailler et gagner de l’argent. La vie à Paris est chère et difficile quand aucun membre de la famille ne fait partie du corps médical ou paramédical. En octobre 1982, je quitte la capitale pour Granville (Département de la Manche : 50) où, enfin, je fais (sans mauvais jeu de mot) mon trou.

 

Malheureusement, mon couple ne résistera pas à cette transplantation brutale vers la province. Malgré des moments difficiles dont je vous épargnerai le récit, il me reste quelques moments pour poursuivre la quête débutée à Altensteig. Les calculs de la synergie étaient trop imprécis et l’expérience menée par le CNRS a démontré que la vision promue par cette théorie était fausse.

 

Pourtant, en reconsidérant la logique interne du travail qui m’avait été confié… mais à l’envers, c’est-à-dire sans vouloir à tout prix redémontrer la relation d’équivalence « masse - énergie » d’A. Einstein (un acquis désormais incontournable) à partir d’équations initiales aux fondements hasardeux (la synergie), reprenant simplement les lois de Maxwell concernant les champs électromagnétiques dans les régions vides de l’univers, je parviens enfin à construire une démonstration mathématique autorisant à penser que ces régions peuvent être le lieu de courants énergétiques.

 

Puisque l’existence des rais de lumière est connue depuis fort longtemps, et que ceux-ci peuvent s’interpréter comme des flux de photons, le résultat obtenu n’a rien de surprenant, ni de vraiment nouveau. L’originalité de ce travail ne se situe ni dans ses prémisses (les équations de Maxwell), ni dans ses conclusions immédiates. Elle tient entièrement au chemin emprunté pour lier le départ à l’arrivée.

 

Ce chemin fait appel à un outil mathématique relativement récent : le calcul tensoriel. Là encore rien de révolutionnaire. La petite touche signant mon intervention réside dans ma volonté d’envisager des déformations des produits tensoriels et d’étudier leurs divisions (décompositions) de manière systématique. Grâce à ce couple (déformation, décomposition) et à cause de la relation d’équivalence « masse - énergie » il devient possible de penser que des particules sillonnent les régions où il ne devait en principe rien se passer.

A la rencontre des experts

 

 Ayant entre-temps émigré Outre-Rhin, je confie mon premier travail théorique à un physicien russe émigré en Allemagne de l’Ouest et hébergé par mon beau-frère au début des années quatre-vingt-dix. Il le trouve juste (du point de vue des mathématiques) mais il le laisse aussi totalement perplexe, avouant ne pas encore savoir exactement où le classer dans l’arsenal des théories physiques. Il me demande toutefois l’autorisation d’en garder une copie dans ses archives. Ce que, ignorant les conséquences de ma générosité, j’ai bien volontiers fais en espérant secrètement qu’il me dise un jour où il avait pu ranger ma démonstration. J’ai appris quelques années plus tard qu’il en parlait à ses étudiants à Berlin.

 

En mai 2003, rendant comme chaque année visite à mon père, je prends contact avec un physicien américain dont l’adresse courriel était indiquée dans un article du journal « Sciences et Vie » consacré à l’énergie du vide ; un sujet très controversé dont j’apprendrai bien vite et à mes dépens qu’il était classé jusqu’il y a peu de temps encore (2020 environ) ultra-sensible par les autorités scientifiques américaines.

 

La présentation du travail soumis quelques petites années plus tôt au physicien russe me vaut, deux jours plus tard, une invitation à un colloque devant se tenir en septembre 2003 à Paris. Je ne sais toujours pas pourquoi ce travail a suscité cet engouement subi car le destin, capricieux, ne me permettra jamais de m’y rendre ... pour cause d’accident vasculaire cérébral.

 

Aujourd’hui, et en dépit du handicap laissé par cet accident de santé (perte de 30% du champ visuel), je pense que le destin, une fois de plus, a bien fait les choses car la passion rend aveugle - … au sens propre.

 

Mon incommensurable naïveté à laquelle est venue s’ajouter un besoin de reconnaissance et un brin de de vanité m’avaient poussé à surestimer le niveau réel de mes compétences et m’empêchaient de voir à quels dangers extrêmes je m’exposais.